WILLIAM ORBIT
Je me rappelle le jour où William m’a invité chez lui. Il y avait un studio, m’avait-il dit. Parfait. Il possédait aussi le sound system le plus démoniaque que j’aie jamais entendu dans une bagnole. On est arrivé chez lui. Très belle maison anglaise.
- On va au studio ?
- Allez…
On est entrés dans une cabine, assez petite et remplie de pré-amplis et de séquenceurs.
- Génial ! Où est la salle ?
- Tout est là !
- OK, je vois la salle de contrôle, mais où est la salle où les gens jouent ?
- Il n’y en a pas ! Tout se passe ici, dans la salle de contrôle.
Je venais de voir le premier home studio de ma vie. Tout se faisait là, avec des séquenceurs et des ordinateurs. Rien de comparable avec le genre de matériel qu’on trouve aujourd’hui dans tous les studios, home ou professionnels, mais c’était impressionnant. William m’a montré ce que serait le studio du futur.
Quand je pense comment on a ramé avec William ! Sa musique était franchement géniale et les sons qu’il tirait de son studio phénoménaux. Déjà en 1984, il m’abreuvait de versions longues, versions radio, extended mix et autres. Les types à CBS devenaient fous ! Tout le monde me jetait les disques à la figure.
Nous avons tenu le coup et tenté de l’imposer, mais c’était plutôt dur. On a dû faire cinq ou six albums avec lui, dont la série des fameux, et introuvables aujourd’hui, Strange Cargo.
Quand je discute avec Philippe Cohen-Solal de Gotan Project, il ne jure que par les disques de Torch Song. Il les connaissait à l’époque, comme certainement Madonna, qui a mis le pied à l’étrier à William pour la production de Ray of Light. Elle savait ce qu’elle faisait.