THE STRAY CATS
Mon meilleur ami, Pete McCarthy, l’Irlandais, avait décidé d’arrêter son métier de peintre en bâtiment. Je l’avais rencontré avec les Electric Chairs. On fréquentait le même pub, un repaire d’Irlandais, pas loin de notre squat à Gloucester Road. On est vite devenus inséparables. Ensuite, il a suivi les Flying Padovani’s pas à pas. Depuis qu’il nous fréquentait, il avait trouvé sa voie dans le rock’n’roll. Il avait un goût sûr et nous étonnait tout le temps par ses recommandations et ses découvertes. Puis, il a décidé de tenter sa chance. Il est parti à New York voir la scène musicale et essayer de dégotter un groupe. Là-bas, il a rencontré les Bloodless Pharaos, qui venaient de changer leur nom en Tom Cats et qui jouaient une sorte de rockabilly. Ils étaient trois. Le batteur, Slim Jim Phantom, tapait sur ses fûts debout, et le guitariste-chanteur, Brian Setzer, qui était assez démentiel, jouait comme Eddy Cochran.
Pete m’a appelé de New York pour me dire qu’il avait trouvé ce groupe et qu’il les emmènerait à Londres dès qu’il se serait mieux organisé. Il savait qu’il avait le bon filon. Il ne s’était pas trompé sur la qualité du groupe et sur l’impact qu’aurait le rockabilly sur la scène anglaise. Entre-temps, il s’est disputé avec son amie, Nikki, qui était restée à Londres et est entrée à l’hôpital pour une dépression nerveuse. Il est donc revenu en Angleterre pour essayer de la récupérer, et a demandé au groupe de prendre des billets pour Londres. Évidemment, il leur avait donné mon numéro et leur avait dit d’appeler en arrivant et que je me débrouillerais sûrement pour les loger ou leur trouver un plan.
Ça n’a pas loupé. À leur descente d’avion, ils m’ont contacté.
Ils sont venus chez moi, à Vauxhall, et ont couché par terre. Puis, en l’absence de Pete, j’ai alerté ma copine française Claudine Riley, qui était une des meilleures attachées de presse de Londres, pour qu’elle les aide et leur trouve des concerts. On mettait tous la main à la pâte. Surtout que la cassette que Pete m’avait envoyée était géniale. Elle comportait déjà tous les morceaux du premier album des futurs Stray Cats, y compris « Rock this Town ».
Le lendemain, les Tom Cats sont allés dormir dans le bureau de Claudine. Elle n’était pas idiote et avait vu tout de suite le potentiel de ces gars-là. Elle leur a déniché assez rapidement une tournée en première partie d’un crooner anglais. Elle a aussi invité tous les journalistes de musique importants et, le lendemain du concert, on ne parlait plus que de ce groupe new-yorkais, les Stray Cats, comme elle les avait renommés.